• ° Alors voilà. C'est l'histoire d'une fille.

    Je vais pas tout vous expliquer, parce que ça va pas vous intéresser, c'est pas que c'est compliqué mais c'est long, et puis j'ai oublié des morceaux. Déjà, j'ai essayé de vous la raconter jeudi soir mais j'ai pas su. Là j'viens de me souvenir que de toute façon, on ne sait jamais rien, alors j'vais reprendre le récit.


    J'vais pas vous retracer tout le chemin, c'qu'est important c'est le carrefour. Y a des métaphores comme ça, on sait pas pourquoi, elles marchent bien, on voit tout de suite de quoi on parle. Alors voilà, vous avez un des mots-clés du discours, comme on dit à l'école. "Carrefour". Par contre, "la qualité pour tous" faudra repasser, parce que l'autre mot-clé, c'est "Orientation". Oui, c'est un brin redondant.

    En gros, le principe, c'est que la fille, elle a toujours eu du mal à savoir ce qu'elle veut. Ou plutôt non. Elle sait ce qu'elle veut. Mais elle veut trop pour elle toute seule. Elle a de si petits muscles.

    C'est pas qu'elle aime pas les choix. Y a de très bons choix. Des choix qui libèrent, qui font avancer. Par contre elle déteste renoncer. C'est pas une histoire de dilemme, parce que les deux bouts de l'alternative sont bons. C'est "juste" une histoire de renoncement.

    Alors la fille, elle a vécu, elle a grandi. Pas plus malheureuse qu'un(e) autre, même plutôt moins. Sérieux, depuis qu'elle existe, elle a eu une de ces chances... Vous allez me dire que vous voyez pas le rapport, mais y en a un. Elle est pas devenue elle seulement par volonté. Donc ce putain de choix, c'est pas elle qui a choisi d'y être confrontée. Y a eu des engrenages logiques, des impulsions apparemment irrationnelles mais tellement évidentes une fois achevées. Des gens, des livres, des expériences, d'autres choix.

    J'me demande dans quelle mesure une vie est déterminée le jour de son commencement. Est-ce que ce jeudi était prévisible 18 ans à l'avance, quand son coeur apprenait à battre au creux d'un ventre ?

    Quoi qu'il en soit, elle a choisi. Et elle sait qu'elle a bien fait. Peut-être qu'on ne choisit rien.

    C'est l'histoire d'une fille qui rêvait depuis longtemps d'études d'arts appliqués, qui a tout fait pour aller là où elle voulait. Elle a pris des trains, rencontré des passionnés, admiré des oeuvres, argumenté les larmes aux yeux. Elle a appris à discerner certaines illusions, à (se) poser des questions. Et à trouver ses réponses. C'est l'histoire d'une fille qui grandit en fait, c'est pour ça que ça fait un peu mal.

    Elle avait renoncé à son rêve, par excès de rationalité. Mais elle a voulu savoir, donc elle a tenté sa chance et elle a repensé à tous ses efforts. Elle a pris peur. Elle ne voulait pas avoir été influencée et le regretter. Elle ne voulait surtout pas renoncer et le reprocher plus tard à ceux qui l'aiment et qui tentent de l'aider. Elle a cru qu'elle avait encore un espoir qu'elle essayait d'enfouir. En fait cette fille, elle a tellement pas confiance en elle qu'elle croit que c'est les autres qui décident quand elle trouve une réponse.

    Et pourtant c'est bien elle qui a cliqué sur "Démission générale". Parce que l'an prochain, elle n'apprendra pas à dessiner, même si elle sait que ça lui aurait plu. Ce n'est pas qu'elle préfère aller à l'université (ou réussir le concours). On ne peut pas comparer deux avenirs aussi différents. Non, elle ne préfère pas, mais ça lui permettra de faire encore + de choix dans les années à venir, et elle aime bien choisir, dans le fond.

    Alors voilà, c'est l'histoire d'une fille qui a choisi de laisser son rêve devenir irréalisé. °


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  • ° Proposition d'admission :    [https://www1.admission-postbac.fr/Postbac/admission?ACTION=1]

     

    Votre admission est proposée à la formation suivante :

    Estienne Esaig (Paris 13e) - Arts appliqués - voeu n° 1 .

    Vous n'avez pas encore répondu à cette proposition. En l'absence de réponse, vous serez démissionné(e).
     
     
     
     
    Et voilà, ça m'apprendra à faire la maligne. En même temps je l'ai cherché, j'avais écrit la plus belle lettre de motivation de ma vie (qui sont au nombre de 3).
    Chaque année, une classe de 30, sur la France entière. 29 personnes que je ne rencontrerai pas, et une personne à qui j'offrirai la chance de sa vie dès demain en cliquant sur "Démission générale".

    Rien à ajouter, aucune idée de ce que j'en pense.

    [Il faut très vite que je pense à autre chose. Vite. Très vite.

    ... Trop tard.]

     

    (Je reconnais que se plaindre d'être reçue là où on a toujours rêvé d'aller, c'est "un tantinet ignoble". Un blog parfois, c'est bête et blessant, maladroit comme une vraie personne. Je vous souhaite, tous autant que vous êtes, de faire les études qui vous correspondent, de devenir vous, même si tous vos rêves ne se réalisent pas, même si certains choix sont déchirants, même si on ne maîtrise pas grand chose quand on a 17 ans.) [Bonne chance à ceux qui sont sur liste d'attente]°


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  • ° Lu des poèmes. Eluard, toujours.

    Si j'étais poète, je serais lui. J'aurais ses mots. Mais comme je suis beaucoup moins douée, Swani n'est pas poète, et c'est tant mieux. Donc j'écris dans "Ecrire..." des mots moins beaux (surtout aujourd'hui). Un jour peut-être, il y aura du style, moins de première personne, plus de musicalité. Des idées.

     

    Tout se sait, ou presque. (Le premier qui fait un commentaire désagréable, même dans notre dos, sera égorgé à ongles nus avec lenteur. Vous êtes prévenus.) 

     

    Et si kidnapping il y avait ? (Même si des kids on n'en est plus, quoique.)
    Et si la brûlure était assez douce pour être insupportable et fascinante ? (Jouons avec le feu, la flamme est si délicieuse)
    Et si on se laissait saisir par les quintuples sens sous-entendus ? (Brûlants d'innocence, brûlons) 

     

    Zestes de sourires si lucides
    Limite à ne pas franchir
    Il a dit "ça devient dangereux"
    Gare, gare au bord du quai
    Dans notre élan, le souffle court...
    A bientôt
    Bientôt, bien sûr beaucoup trop loin
    Un jour prochain (enfin). 

     °


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  • ° "Come, Night ! Come, [...] ! Come, thou day in night;
    For thou wilt lie upon the wings of night
    Whiter than snow upon a raven's back.
    Come, gentle Night; come, loving, blackbrowed Night :
    Give me my [...]; and, when he shall die,
    Take him and cut him out in little stars,
    And he will make the face of heaven so fine
    That all the world will be in love with night
    And pay no worship to the garish sun." 

    Rêver, "for the first time in my life".

    //
    A quoi bon se pourrir la vie à faire semblant ? Se demander, sérieusement, à quoi bon s'empêcher de dire "j'ai trouvé ça nul" si c'est ce qu'on pense. Qu'est-ce que t'en as à foutre qu'elles ne soient peut-être pas d'accord ? T'as peur que quelqu'un aille leur répéter ? C'est pas parce que tu t'écrases qu'elles trouveront que t'es quelqu'un de bien. Maintenant, libre à toi de rester un ratite toute ta vie.
    // 

    Un peu de calme, voyons. Faudrait pas que ce rectangle blanc devienne un déversoir à violence civilisée.

     

    Ce matin, j'ai dessiné des enfants modèles. Qu'est-ce qu'on ferait pas pour sauver la moyenne d'Allemand de son frangin. Illustrer de la propagande nataliste après s'être tapé 10 pages sur les différentes idéologies démographiques la veille, c'est paradoxalement drôle. "Bon je lui fais des jambes-bâtons, faut quand même qu'elle croie que c'est toi qu'a dessiné... Merde, sa main on dirait une moufle..." "... Merde pour lui. AHAAHahahaha." [Nous sommes cruels.]

    A part ça, j'écris des articles structurés de n.o.m.b.r.e.u.x connecteurs logiques, comme on nous apprend au collège, et ça force l'admiration. [Franchement, ça manque d'images ce blogg ces derniers temps, nan ?]
    Je tiens à présenter mes excuses au lectorat fidèle excédé par ces quotidiennes élucubrations sans fond. A l'avenir, cela se reproduira


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  • ° Il faudrait reprendre chaque phrase et l'analyser pour dénouer les fils de l'incompréhension. On est si maladroits quand on parle sincèrement.

    Je continue de dire que non, et il ne faut pas m'écouter plus que les autres.

    En effet, j'ai tout mélangé. J'aurais voulu dire que ces mots me touchaient, que j'y redécouvrais une part de moi, que je ne m'y attendais pas. Il y a longtemps, j'avais senti trop de mépris de toi pour les petites choses que nous fûmes pour croire qu'il en restait quelque chose de beau.

    J'ai tout mélangé, presque consciemment. Besoin d'abîmer ce qui m'a brusquement paru naïf, à cause de cette impression que notre insouciance d'alors m'avait aveuglée, que ces jolis souvenirs fleuris, c'était eux qu'on m'avait rejetés dans la gueule et déchiquetés devant les yeux quelques années plus tard.

    Ce n'est qu'une malheureuse histoire de vengeance puérile, pour rappeler à l'autre que ce n'est pas un hasard si tout change. J'ai très bien compris, crois moi. Mais j'ai eu besoin d'être blessante. J'espère que tu ne m'en veux pas trop. J'ai tout mélangé pour te reprocher un passé où tu n'étais même pas celle dont toi tu parlais, où nous n'étions plus vraiment nous. Tout ça parce qu'on n'a jamais osé reparler du mal qu'on s'est fait. Tout ça parce que je n'ai jamais compris comment on a pu en arriver là. C'était un hors-sujet intégral.

    On ne peut en vouloir qu'à ceux qu'on aime.
    Je n'oublie rien, parce que je ne peux pas. Et je me souviens de nous, du sable doux, des plantes vertes trop arrosées et de la robe d'Anastasia. [A ce propos, j'ai retrouvé une de ces photos-dossier...] Je n'oublie rien, le pire et le meilleur, mais il ne faut pas tout mélanger. Renier est un acte conscient, injuste en apparence mais parfois légitime. (Quant aux vécus de conscience, ils diffèrent d'une personne à l'autre sans qu'on n'y puisse rien. Vive la subjectivité !)

    Après relecture, il paraît évident que c'est avec moi que j'ai des comptes à régler, et tu n'y es vraiment pour rien. Je pensais avoir oublié, j'ai cru me connaître.

    Je suis désolée. °


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