• ° Hier j'étais à Paris. Hier m'a paru une semaine, j'entre dans une phase de ralentissement sensoriel. Ces moments où on s'observe vivre, sensation de lucidité, vraisemblable illusion, simple aveuglement supplémentaire.

    Ne cherchons pas de liens logiques, surtout pas chronologiques, le temps est si précieux. °On ne le répète assez, ne vous déplaise [en dansant la javanaise]°

    J'aurais pu faire le voyage avec La Trottinette, mais on est partis par le train précédent. 8h10. Incroyable le nombre de cinglés qui vont à Paris avant que le Soleil ne se lève sur New York.

    Ce soir le Frère part en Angleterre. Ou comment s'engueuler à propos d'un manteau autour d'une valise. Ou comment voir sa suprême bonté récompensée d'un "je suis désolé, je sais pas ce que j'ai fait mais ça t'a changé de page" "C'est pas grave mon p'tit Lou, tu viens juste d'effacer mon nouvel article."

    A l'entrée du Salon du Livre, il y a un contrôle super sévère. On pose son sac sur une table, on passe sous un bipeur de métaux qui bipe tout le temps mais ça a pas l'air d'inquiéter Monsieur Muscle outre mesure, puis il te demande d'une petite voix "Vous avez des livres dans votre sac ?" alors tu dis "Oui" [sauf quand t'as pas eu besoin de te taper une heure et demie de train avant d'arriver] et on te demande de coller des petites gommettes vertes "Salon du Livre" pour qu'on te les fasse pas repayer.

    C'est trop cool, maintenant j'ai un Bernstein et Milza spéciale Kassdédi "Salon du livre". Pareil pour L'insoutenable légèreté de l'être, que j'ai fini dans le train [J'ai beaucoup aimé. Kundera, pas le train.]

    J'aime bien les conversations des gens dans le train.

    "Et là, ce con il me dit "Ce qui est génial dans cette classe, c'est le multi-culturalisme"... Le con, dans notre classe ya pas un seul Black, j'te jure."

    "Ouais, je kiffe trop la Guerre Froide." [Là tu sens le gars qu'est né en 1990]

    Et puis le meilleur : le gentil jeune homme avec pull rose [Tiens, pas de motif jaquart... un rebelle !], cheveux blonds, raie sur le côté qui parle à une fille super intéressée... Non pas. "Sébastien va retourner à Newcastle bientôt, il déprime ici... je le comprends, je suis pas loin de ressentir la même chose. Là-bas, c'est extraordinaire. C'est une grande ville mais paradoxalement, c'est tout petit. C'est une ville industrielle, mais on visite le centre en une heure... Tout le monde se connaît, tu peux avoir des amis de 47 ans [Trooop la classe, j'avoue ! -Moi je m'en fous, je parle avec des antiquités sur mon blogg-] Oui vraiment, Newcastle c'est extraordinaire."

    On est allés manger à la brasserie qui fait les meilleurs croque-monsieur du monde, celle que j'ai découverte pendant mon stage. C'était à une station de Portes de Versailles et on avait un super ticket de métro qui permet d'aller partout, même là où y a pas de métro, puisqu'il est aussi valable en RER. Y avait du Soleil, on aurait dit que l'hiver était terminé, on voyait les voitures passer sans les entendre, j'étais presque heureuse d'être assise au milieu des fumeurs et de partager un bout de terrasse avec eux.

    J'ai failli m'endormir dans le RER, blottie dans Dido, The Arctic Monkeys, mon manteau et AaRON, heureusement que mon accompagnateur bien-aimé me réveillait régulièrement pour me faire un passage du journal qu'il lisait...

    On a failli se perdre dans la ville-dortoir la + simplissime du monde. "Je te dis qu'il faut continuer, là c'est pas le boulevard Newton." "Moi je te dis que c'est pas par là que je suis passée l'an dernier et pourtant je suis arrivée à l'Université en moins d'une journée. D'ailleurs le panneau est d'accord avec moi, il dit que l'enseignement supérieur c'est par ici." On a quand même suivi l'avis de l'expert en plans googlemap, lequel a reconnu que mon itinéraire était également envisageable.

    A la fin de la conférence, une dame a posé des questions au prof d'Histoire. C'était fascinant, oui, vraiment, fascinant, de voir son visage à elle parfaitement immobile quand il faisait une blague (pas hilarante certes, mais un peu amusante). Un visage parfaitement dur, pas l'esquisse d'un sourire, de la pierre, l'air de dire "Comment ose-t-il plaisanter alors qu'il s'agit de l'avenir de ma progéniture ?" Ils doivent bien se marrer dans cette famille...

    Dans le métro, y avait toujours ce crétin de lapin rose à salopette jaune qui se bousille les doigts dans la porte "Attention tu risques de te faire pincer très fort". D'où tu me tutoies lapinos ? j'te ferais dire que t'es mal placé pour faire le malin, tu viens de perdre 3 phalanges. Mais bien sûr, tu t'adresses aux enfants. Collé à 1m60 de haut. Pour se coincer les doigts dans ces portes, faut avoir 4 ans et jamais pris le métro. Or les mioches de 4 ans d'1m60 qui se baladent sans leurs parents dans le métro et qui savent lire, c'est rarement des novices en ce qui concerne les transports en commun. Donc faut être honnête Lapin, tu sers à rien. Sauf rire, ce qui dans le métro est un exploit, je te l'accorde.

    On a récupéré plein de brochures au Salon de l'Etudiant. On les a regardées en mangeant. C'est hallucinant le nombre de pub qu'on nous avait aimablement refourgué sans nous demander notre avis, à Paris il suffit de marcher en tendant le bras pour se retrouver les mains pleines. Remarquez, même en gardant les bras serrés le long du corps, les meilleurs distribueurs de pub arrivent à vous faire prendre leur papier. J'avais l'impression de tenir un quart de la forêt amazonienne sur mes genoux. Parcours Numérique du Salon du Livre, 20 mini marque-pages, un tract ensanglanté "A bas la corrida", des repas légèrement gratuits chez McDo, des tickets d'entrée réutilisables, un numéro des Echos, un numéro de L'Express...

    J'étais en train de me laver les dent tout à l'heure. C'est fou tout ce qu'on peut penser pendant qu'on agite sa main de manière circulaire. Et puis j'ai compris que "tout se tient" comme ils disent au Parti Socialiste. C'est pire que dans Jacques Le Fataliste. L'ennui c'est que j'ai oublié comment j'en étais arrivée à cette conclusion.

    J'ai failli m'endormir au cinéma hier soir, le film était pas terrible. En fait j'ai pas très bien compris ce qu'il racontait. Ni pourquoi il s'appelait comme ça. De toute façon je voyais mal parce que j'avais les yeux fatigués et que j'avais porté mes lentilles trop longtemps.

    J'ai reçu un devoir du CNED, j'ai eu une note de merde. Jusque-là c'était pas grave, mais maintenant il reste trois mois et je ne comprends pas ce qu'ils veulent de +. C'est la théorie de l'équilibre selon Nanou : quand quelque chose s'arrange, ça se déglingue ailleurs. Parfois ça met du temps, mais on finit toujours pas avoir les deux pieds sur terre. A moins que ce ne soit six pieds sous terre.

    En sortant du train, il pleuvait "juste assez pour qu'il pleuve". Je déteste cette pluie. Soit ça tombe, soit ça reste sec, faut se décider. Cet après-midi, il a plu pour de vrai pendant 10 minutes. J'adore ça, quand on voit plus le sapin des voisins tellement les gouttes sont serrées, quand leur bruit couvre le son Coldplay et qu'on sent presque l'eau s'écraser contre le toit tant elle tombe fort. Et puis soudain tout s'arrête, en une seconde, on n'entend plus que l'eau qui coule vers les rigoles.

    Voilà. J'en oublie comme toujours, mais j'ai besoin de dormir. Au final, rien n'est fini, loin de là. Cette nuit, traversée de la Manche pour Le Frère. Mmmh la chance, 2heures dans un petit ferry avec le temps qu'il fait, les mangeurs de PackLunch vont croire que les petits hommes verts les envahissent quand ils débarqueront demain matin...°


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  • ° ... Jeunes gens, veuillez garder votre calme. Mes jours ne sont pas en danger et même si c'est pas super marrant comment événement, je ne suis pas la + à plaindre dans l'histoire.

    Il y a des choses qu'on ne dit pas sur un blog.

    Comme je te l'ai dit, il y a des sujets que j'ai choisi de ne jamais aborder ici. Ce n'est pas un journal intime.

    Mais j'avais besoin d'exprimer l'immense trouble. Ce n'est pas le bon mot, il n'y en a pas.

    Je n'ai rien écrit, je n'ai pas trouvé les mots, je n'avais pas envie de les trouver. °

     


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  • °.

    ° [...]

    ° 


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  • ° Pour une fois que j'étais pas [excessivement] en retard pour manger, j'ai vu une partie du journal de 20heures.

    Reportage sur un fait pas d'actualité.

    Un fait actuel, mais éternel.

    Un principal a découvert (avec l'extrême lucidité et la clairvoyance qui caractérisent tous les êtres de cette espèce) que des élèves de son bahut étaient... des souffre-douleurs.

    Vous savez, oui, évidemment, vous savez. Les souffre-douleurs, ceux qu'on n'aime pas, on ne sait pas pourquoi.
    De toute façon personne ne les aime, ils ont bien dû faire quelque chose pour qu'on pense tous la même chose. Alors on se débrouille pour ne pas être à côté d'eux en cours, ne pas leur adresser la parole, ne pas manger avec eux.

    "Ce sont des élèves à part, qui sont + faibles" Voilà le genre de conneries qui explique l'existence des bouc-émissaires. [Racheter ses péchés. En étouffant de haine celui qui ferme sa gueule]

    Vous en connaissez, oui, bien sûr, c'est "normal". Mais celui que vous connaissez, c'est pas pareil, parce qu'il est vraiment bizarre. Vous comprenez ?

    Vous avez déjà essayé de lui parler mais il répond à peine, on dirait qu'il cherche à fuir, c'est chiant. Des fois il répond même pas. Franchement ça se fait pas, faut qu'il fasse des efforts de son côté aussi. Et puis j'sais pas, à mon avis il s'en fout tu vois, parce que sinon bah il irait en parler à quelqu'un. Moi je serais à sa place, j'me laisserais pas faire.

    Donc c'est pas votre faute. Bah non. C'est jamais la faute de personne.

    Et puis des fois on lui fait des blagues marrantes et il rigole même pas. Un con quoi.

    "Le problème de ces élèves, c'est qu'ils ne parlent pas de leur souffrance. Alors il faut essayer de détecter d'autres signes. Aller souvent à l'infirmerie, ou ne plus venir en cours."

    Ben voyons. Excellente méthode, inclinons-nous devant la perspicacité de ces grands psychologues ! Avec ces symptômes éloquents, ils vont se retrouver avec toutes les pouffes de leur bahut sur les bras. Surtout celles qui gloussent fort, celles qui rigolent aux blagues trop marrantes de leurs potes trop fun quand ils cachent le sac de sport de l'autre con en haut des casiers. Celles dont l'autre con est amoureux, parfois.

    Alors voilà, on attend qu'ils ne viennent plus en cours pour se poser des questions.

    "Parfois, un changement d'établissement est à envisager."

    Tellement rejeté qu'il doit disparaître. Fabuleux.

    Ceux qui meurent de douleur n'abandonnent pas toujours.
    Je ne dis pas que ceux qui n'ont plus la force de vous affronter souffrent moins. Je dis que chacun fait comme il peut, c'est-à-dire mal, en général.

    A force de lui rappeler qu'il ne mérite pas votre respect, qu'il ne sert à rien, qu'il n'est même pas vraiment humain, vous le persuadez. Alors il accepte. Il y a les autres, et lui. Qui ne peut rien faire et qui ne fait rien, parce que ça ne sert à rien. Mais qui reste là. Qui se transforme en mur fantomatique. Il essaie de disparaître, de se soustraire à vos regards, mais il est toujours là. Il ne réagit plus, c'est ça qui vous énerve, il ne réplique plus, il emmagasine. L'énergie que vous mettez à le détruire foudroie son corps et son esprit absorbe la haine.

    Ce qui est terrifiant, ce n'est pas que des tueries comme celle du lycée de Colombine aient lieu. C'est qu'elles soient si rares.

    Ce qui est terrifiant, c'est que la seule méthode pédagogique qu'ils aient trouvée pour "lutter contre ce phénomène", c'est faire écrire aux mioches de 6èmes les règles qu'ils s'engagent à respecter. "Je ne formerai pas un groupe contre une personne."

    Vu le succès de "Tu ne tueras point", on est en droit de douter de l'efficacité de "l'innovation".

    J'ose croire qu'il nous hait. Je l'espère.

    Je ne suis pas meilleure que vous. J'ai juste décidé d'arrêter.

    Non, je ne suis pas gentille. Le problème ne vient pas de là. C'est si facile d'être méchant. Tellement pratique. On n'y peut rien, n'est-ce pas ? Vous ne comprenez même pas le sens du mot "méchant". (Pour le comprendre, il faudrait être du mauvais côté du rire, de temps en temps.) Le problème c'est que vous êtes libres.

    Moi aussi j'ai rit. Non, je ne me moquais pas, je riais juste aux blagues. Comme vous. Coupable en toute quiétude.°


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  • ° Profitons de cette faille temporelle qu'est la 366ème miette de l'année pour prendre quelques bonnes résolutions.

    Oui, c'est plus la saison.
    Raison de +.

    Alors disons.

    Décrocher d'MSN °je suis sur la bonne voie. Ou presque. On ne rit pas.° et n'allumer l'ordinateur que le lundi, le jeudi et le samedi soir. Sauf en cas de force majeure. Génial, on est vendredi, ça commence bien.

    Ne plus se plaindre du temps qui passe trop vite. Ça prend du temps.

    Venir quand même souvent par ici pour continuer de publier mes pensées absurdes et incongrues.

    Essayer de garder mes amis, c'est à dire être capable de communiquer avec eux autrement que pour dire "pfff j'ai le temps de rien" "je loupe trop de trucs" "tu fais quoi toi l'an prochain ?". Là ça se complique.

    M'acheter le durcisseur d'ongles recommandé par Marie-No. Acheter Le Prince aussi, dans la bonne collection si possible, puisque certains prétendent qu'elle existe.

    Répondre + rapidement sur MSN pour me faire moins engueuler. Et quitter MSN + rapidement aussi, pour me faire moins engueuler à table. 

    Attendre le printemps pour me précipiter chez la coiffeuse, c'est à dire réprimer cette envie de réduire de 50% ma masse capillaire au profit d'un petit carré plongeant. L'ennui c'est qu'on dirait que ça devient la mode, et je veux surtout pas avoir une coiffure à la mode °à part ça, mon dégradé avec mèche sur le côté se porte bien, merci°

    Dormir. Le minimum syndical, disons 6h30 par nuit, ça serait génial.

    Lire beaucoup +. De tout.

    De tout cela, on retire qu'effectivement, je suis en train de devenir une no-life. Et une fille. Mais j'en suis consciente, donc il reste une parcelle d'espoir. Retourner à la vie normale sera long, il y aura des larmes mais aussi des moments de joie, il faudra apprendre à se dépasser, à surmonter ses peurs et ses angoisses, mais nous en sortirons grandis et lorsque nous regarderons en arrière, nous pourrons dire avec fierté "Je l'ai fait."

    Happy End  ° 


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